Disparition de Delphine Jubillar : la quiétude brisée de Cagnac-les-Mines

  • Ci-dessus et en tête de page, le quartier des Jubillar, d’ordinaire tranquille, a été assiégé par les enquêteurs. C’est de la maison familiale, pas encore crépie, que Delphine a disparu mercredi.
    Ci-dessus et en tête de page, le quartier des Jubillar, d’ordinaire tranquille, a été assiégé par les enquêteurs. C’est de la maison familiale, pas encore crépie, que Delphine a disparu mercredi. Photos DDM
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    Disparition de Delphine Jubillar: la quiétude brisée de Cagnac-les-Mines
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    Disparition de Delphine Jubillar: la quiétude brisée de Cagnac-les-Mines
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    Disparition de Delphine Jubillar: la quiétude brisée de Cagnac-les-Mines
Publié le , mis à jour
Lucas Serdic

De l’eau coule le long de la rue Yves-Montand jusqu’à ruisseler devant la maison de Delphine Jubillar, disparue depuis mercredi. Cette eau, elle était contenue quelques instants plus tôt dans le puisard situé en amont de la rue et de ses pentes abruptes. Sur un terrain vague, où viendront d’ici quelques mois se construire de nouvelles habitations, les militaires à la recherche de la jeune maman disparue s’attellent à vider le trou de toute son eau, dans l’espoir de trouver un indice qui permettrait de se rapprocher de la vérité. Il s’agit déjà de la quatrième journée de recherches, et les enquêteurs n’ont toujours aucune piste sérieuse à exploiter.

Le flou complet

Sur le balcon de la maison d’en face, deux voisines contemplent la scène, l’air grave. "On la connaît un petit peu, cette jeune maman. J’avais pris l’habitude de la voir passer devant chez moi avec ces deux enfants. Elle avait l’air gentille, mais on ne s’est jamais vraiment parlé." Du doigt, elle indique le toit de la maison dans laquelle la famille vivait, un peu plus bas. Dans ce quartier résidentiel légèrement excentré du centre de Cagnac, les nouvelles constructions se mélangent aux plus vieilles. L’ancienne cité minière du Tarn reste dynamique en parvenant à exploiter au mieux sa localisation avantageuse, sur les hauteurs d’Albi, à moins de cinq minutes d’une importante zone commerciale, pour attirer de jeunes parents. Comme le couple que forment Delphine et son mari, qui avaient décidé de faire construire ici. Leur nouvelle maison familiale faisait ainsi partie de celles qui étaient sorties de terre le plus récemment dans le quartier. En tout cas en apparence. Coincée au milieu d’autres maisons récentes, dans une portion de rue toute aussi neuve, la bâtisse perchée sur la pente jure un peu dans le paysage. La couleur rouille des briques toujours pas recouvertes de crépis ou d’enduit, tranche avec celles de ses voisines, en bois pour certaines, montées sur pilotis. L’allée menant au bas des escaliers paraît tout autant en chantier, parsemée de cailloux imposants, de terre retournée. Des rubans adhésifs sont collés aux fenêtres, comme si elles venaient d’avoir été installées. Beaucoup de choses dans ce décor suggèrent finalement un chantier toujours en cours. Il s’agit pourtant bien du domicile, et depuis plusieurs années, de Delphine Aussaguel (Jubillar, de son nom d’épouse), dans ce quartier où les habitants l’ont tous déjà aperçue. Domicile qu’elle aurait donc quitté en pleine nuit, sans jamais y revenir, laissant derrière elle ses deux jeunes enfants. Un scénario difficile à comprendre pour les proches de la jeune maman à l’apparence comblée. Fuite ? Mauvaise rencontre ? Accident ? Drame familial ? Toutes les hypothèses sont à l’heure actuelle sur la table et aucune ne semble prendre le pas sur l’autre dans l’entourage de la jeune infirmière, qui travaille de nuit à la clinique Claude Bernard d’Albi.

"Les gendarmes m’ont dit qu’ils tentaient de retrouver son téléphone, c’est pour ça qu’ils font des recherches dans le puisard", rapporte une autre voisine, encore choquée par la nouvelle de cette disparition. Elle non plus ne connaît pas particulièrement la disparue, mais elle a l’habitude aussi de la croiser avec ses enfants. Rien dans son attitude ne pouvait trahir quelque chose d’anormal, encore moins un évènement d’une telle ampleur. "Ces derniers jours, des hélicoptères ont carrément tourné pendant un moment au-dessus de la ville", témoigne une habitante, encore troublée de voir la vie de son quartier, d’habitude si tranquille, ainsi chamboulée. Les véhicules de gendarmerie sillonnent les rues et les petits chemins, des hommes en treillis empruntent les sentiers l’œil à l’affût, serpentent entre les buissons et les hautes herbes. Les voitures qui s’engagent dans le quartier passent désormais rarement leur chemin. Elles s’arrêtent, baissent la vitre, interpellent un habitant, cherchent à en savoir davantage.

Cette disparition ne laisse, à Cagnac-les-Mines, personne indifférent. "Imaginez que ce soit un rôdeur qui soit à l’origine de tout ça, s’inquiète une habitante. On voit tellement de drames de nos jours…" Assez pour en redouter un nouveau.

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